Un patron qui cite Bob Dylan en plein comité de direction ? Voilà qui n’a rien d’anodin. Carlos Tavares, ex-pilote devenu stratège, a longtemps imprimé sa marque sur Stellantis : audace, virages secs, et ce flair qui fait frissonner tout un secteur. Chez lui, la décision se prend à la vitesse d’une voiture de course. Rien n’est jamais vraiment figé, tout peut basculer en un instant.
Avant de prendre le volant de ce géant mondial, Tavares avait déjà exploré les circuits les plus exigeants, aussi passionné de sports mécaniques que d’organisations à transformer. Sa trajectoire ressemble à une épreuve de rallye où l’hésitation n’a pas sa place. Chaque défi, chaque pari relevé, donne le ton d’un management qui ne laisse personne indifférent.
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Plan de l'article
Qui dirige Stellantis aujourd’hui ? Portrait d’un leader à la croisée des cultures
Le groupe Stellantis traverse actuellement une zone de fortes turbulences. Début décembre 2024, Carlos Tavares a quitté la direction générale, laissant derrière lui un siège vide au sommet du groupe né de la fusion PSA-Fiat Chrysler. Durant cette période charnière, John Elkann, président du conseil d’administration, a endossé la présidence du comité exécutif par intérim. À ses côtés, Antonio Filosa – napolitain d’origine, propulsé à la tête de Stellantis North America à l’automne 2024 – s’impose comme le favori dans la course à la succession.
La gouvernance actuelle s’articule autour d’un cercle resserré où Antonio Filosa joue une carte maîtresse. Deux décennies passées chez Fiat ont forgé sa réputation : d’abord en Amérique du Sud, puis sur le marché américain. On lui doit notamment d’avoir su rassurer les réseaux de concessionnaires et alléger efficacement les stocks, une qualité saluée même par David Kelleher, figure du David Auto Group. Maxime Picat, chargé des achats, s’efface pour l’instant derrière Filosa, tandis que Luca de Meo – dirigeant de Renault et candidat externe – a été écarté du processus de sélection.
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- John Elkann dirige le conseil d’administration et préside le comité exécutif par intérim.
- Antonio Filosa, membre du comité exécutif, pilote Stellantis North America et apparaît comme le successeur naturel.
- La désignation du prochain directeur général est attendue pour le premier semestre 2025.
La gouvernance de Stellantis se réinvente au carrefour de trois cultures – italienne, française, américaine. Dans cet environnement inédit, l’expérience internationale et la compréhension fine de marchés multiples deviennent les moteurs d’un leadership totalement repensé.
Un parcours marqué par l’international : étapes clés et défis relevés
Le parcours d’Antonio Filosa s’inscrit dans le grand livre de l’automobile mondiale. Embauché par Fiat il y a plus de vingt ans, alors que le groupe cherchait à s’émanciper de ses frontières italiennes, il s’est illustré par la manière dont il a consolidé l’implantation du constructeur en Amérique du Sud. Un territoire à la fois instable et fertile, où chaque victoire se mérite. Ce baptême du feu a forgé son adaptabilité, et un regard panoramique sur les marchés internationaux.
Après cette expérience fondatrice, Filosa a pris les commandes de Jeep en Amérique latine, avant de rejoindre la direction de Stellantis North America à l’automne 2024. Son défi ? Redresser les ventes, regagner la confiance des concessionnaires américains, rationaliser les stocks. Les résultats ne se sont pas fait attendre : apaisement des relations commerciales, amélioration des indicateurs logistiques – David Kelleher, patron du David Auto Group, en a d’ailleurs témoigné publiquement.
- Deux décennies d’expérience chez Fiat et Fiat Chrysler
- Déploiement stratégique de Fiat en Amérique du Sud
- Relance des relations commerciales avec les concessionnaires américains
- Maîtrise des stocks chez Stellantis North America
Ce parcours éclaire les attentes du conseil d’administration : il s’agit de conjuguer stratégie globale et finesse locale, de piloter des équipes qui parlent plusieurs langues et de garder le cap sur la rentabilité sans freiner la mutation du secteur.
Quels enjeux attendent le dirigeant actuel face à la transformation du secteur automobile ?
Le prochain navigateur de Stellantis reçoit en héritage une entreprise issue de la fusion PSA et Fiat-Chrysler Automobile, propulsée quatrième constructeur mondial en moins de trois ans. Avec un chiffre d’affaires de 190 milliards d’euros et un bénéfice record de 18,6 milliards d’euros en 2023, la pression ne faiblit pas. À la clé : une révolution technologique à mener tambour battant, sous l’œil scrutateur des régulateurs et face à la poussée des concurrents asiatiques.
Le portefeuille de 15 marques – de Peugeot à Maserati, en passant par Jeep et Citroën – impose des stratégies sur-mesure. Il faut accélérer l’électrification, tout en maintenant la rentabilité des modèles thermiques et hybrides qui financent les innovations du futur.
- Accélération de la transformation industrielle, portée par l’électrification et la digitalisation
- Gestion des tensions sociales, alors que les réorganisations s’enchaînent
- Surveillance accrue sur la rémunération des dirigeants, après la controverse suscitée par Carlos Tavares
La capacité du prochain pilote à mener une mutation globale, tout en maintenant l’ancrage local des sites de production et des emplois, sera analysée à la loupe. L’équilibre entre compétitivité féroce et attentes sociales, des usines françaises aux ateliers italiens, pèsera lourd dans la confiance accordée par les marchés financiers et par les salariés.
Le fauteuil de patron chez Stellantis n’attend pas un gestionnaire prudent, mais un funambule capable de jongler avec les cultures, les transitions technologiques et les pressions sociales. À la croisée des chemins, le groupe joue sa prochaine accélération – ou sa sortie de piste.